Parler de la vision du monde comme d'un important thème d'actualité reviendrait  à la sous-estimer. Il me semble plus juste de dire que comprendre la genèse des  diverses conceptions et la manière dont elles orientent ou emprisonnent la pensée  constitue l'étape essentielle pour l'appréhension de tout le reste. Une bonne  perception de la vision du monde s'apparente un peu à une tentative pour voir le  cristallin de son propre œil. Car s'il n'est pas courant d'avoir conscience de sa  propre vision du monde, celle-ci conditionne cependant notre appréciation de tout  ce qui est extérieur à nous. Plus simplement, notre conception du monde est la  fenêtre par laquelle nous regardons le monde et décidons, souvent  inconsciemment, de ce qui est réel et important ou de ce qui ne l'est pas.  Une conception du monde peut communément prendre la forme d'une collection  de préjugés. Si tel est le cas, ces préjugés sont nécessaires puisque nous ne  pouvons partir de zéro et mener une enquête tout seuls, à l'aide de bribes  d'information recueillies ici ou là. Lorsque, par exemple, quelqu'un me dit être  conduit par Dieu dans la prière, ou que la science est notre seul moyen d'acquérir  des certitudes, ou encore qu'il n'existe aucune différence entre le bien et le mal, j'ai  besoin d'un système de références fiable qui me permette de savoir s’il est victime  d'une illusion ou si ses propos s'avèrent assez sensés pour mériter considération.  Le raisonnement est identique quand je déclare à mes collègues de l'Université de  Berkeley que je ne crois pas à la théorie de l'évolution : Il importe que je  comprenne leur refus de me prendre au sérieux ou de croire que mes objections à  la théorie se fondent sur des preuves scientifiques et non sur le livre de la Genèse.  La raison en est, en fait, que l'évolution et la philosophie qui la soutient sont  identifiées à une vision du monde dont l'ancrage est tel que ces universitaires ne  peuvent même pas imaginer que la théorie puisse être contraire aux preuves  fournies.   Chacun d'entre nous entretient sa propre vision du monde, et celle-ci influe sur  nos pensées même - et surtout – quand nous en sommes inconscients. Il n'est  donc pas rare de trouver des mauvais sujets bien intentionnés, sincèrement  convaincus d'être chrétiens, assidus dans la fréquentation de l'église où ils  occupent peut-être même une position de responsables, mais chez lesquels  l'intégration d'une certaine vision du monde permet aisément d'ignorer leurs  principes chrétiens quand vient le moment de s'occuper des affaires de la vie  courante. A leurs yeux, leurs principes chrétiens relèvent d'une certaine catégorie  de l'univers mental tandis que les prises de décisions dépendent d'une autre. Ces  personnes n'ont aucune difficulté à croire que Jésus va revenir pour juger le  monde, tout en vivant comme si les normes en vigueur dans ce même monde sont  les seules à devoir être prises en compte.  L'éducation chrétienne peut également devenir un exercice futile si elle ne prépare  pas la jeunesse à affronter et à survivre aux défis de la vision du monde  perceptibles dès le moment où ils quitteront le foyer chrétien sécurisant, mais déjà  probablement avant, au cœur même de leur environnement chrétien, en raison de  l'influence diffuse des média et d'Internet. Un enfant peut, par exemple, être  éduqué selon de très bons principes chrétiens, mais comprendre en grandissant  que ces principes correspondent à une catégorie spécifique : celle dite des «  croyances religieuses. »  Une sérieuse formation à l'analyse de la vision du monde se révèle aussi  indispensable pour le système de défense du chrétien qu'un bouclier, à l'époque où  le voyageur prudent devait se préparer à repousser une attaque de la part de  voleurs armés d'épées.  Aujourd'hui, des brigands intellectuels dépouillent de leur foi des jeunes gens sans  méfiance, à l'aide d'arguments fondés sur les sables mouvants de formules comme  « ce que tout le monde sait » et « c'est la manière de penser d'aujourd'hui. » Ces  jeunes gens doivent découvrir le Rocher inébranlable, savoir pourquoi il est  inébranlable, et ce qui pousse le monde à lui préférer les sables mouvants.  Seul un écrivain très doué est capable d'aborder dans un livre l'analyse de la vision  du monde de manière à en rendre, d'une part, la lecture passionnante pour une  personne ordinaire, mais être, d'autre part, suffisamment informé au niveau  académique pour en donner une connaissance en profondeur plutôt qu'un simple  aperçu. Tout le monde a conscience des immenses mutations intervenues dans la  culture américaine au cours du XXe siècle, mais très peu de gens comprennent le  mécanisme des idées et des habitudes qui les ont engendrées, car si elles ont paru  d'abord excentriques et d'importance très secondaire, elles n'en ont pas moins  investi subrepticement la culture populaire jusqu'à devenir presque irrésistibles.  La situation actuelle trouve ses racines dans la pensée d'époques antérieures. Le  comportement perçu comme pervers ou criminel il y a peu de temps est non  seulement toléré mais a pris rang de norme. Ceux qui osent désapprouver ou  s'abstiennent d'applaudir la nouvelle norme avec un bel enthousiasme s'exposent  eux-mêmes à la forte désapprobation de la société. Ce changement de  comportement incarne divers changements au niveau de la vision du monde,  lesquels ont entraîné de nouvelles façons de penser chez les adeptes des nouveaux  modes de pensée.  Après cette brève introduction, je vous invite à lire Nancy Pearcey. Par-delà le  plaisir de cette lecture, vous découvrirez aussi tous les éléments et les  informations nécessaires à la formation d'un caractère chrétien, car il sera ainsi  doté d'une cartographie de la réalité réellement utile. Lorsque les parents  chrétiens, les pasteurs, les éducateurs et d'autres responsables en viendront à  donner à ce thème la place qu'il mérite, et à joindre la pratique à la parole aussi  bien à la maison, en chaire, et dans la classe, les chrétiens découvriront qu'ils ont  vaincu leurs peurs et leur timidité quand ils doivent affronter les prétentions de la  sagesse du monde. Alors au travail.  Phillip E. Johnson Professeur émérite de droit à l’Ecole de droit de Boalt de l’Université de Berkeley, Etats-Unis Extrait de la Préface de Vérité totale
Un mot d’introduction de Nancy Pearcey Extrait 1 : Défendre sa foi au milieu du désert spirituel Extrait 2 : L’histoire de Denzel ou la tragédie de l’anti-intellectualisme dans l’Eglise Extrait 3 : Les relents du libéralisme Extrait 4 : La cuisine comme salle de classe Tables des matières : Première partie : QU’EST-CE QU’UNE VISION DU MONDE? 1  HORS DE LA CAGE 2  REDECOUVRIR LA JOIE 3  MAINTENIR LA RELIGION A SA PLACE 4  SURVIVRE AU DESERT SPIRITUEL 5  DARWIN RENCONTRE LES OURS DE BERENSTAIN 6  LA SCIENCE DU SENS COMMUN Deuxième partie : COMMENCER PAR LE DEBUT 7  AUJOURD’HUI LA BIOLOGIE, DEMAIN LE MONDE 8  LES DARWIN DE L’ESPRIT Troisième partie : DES ESPRITS DESARMES 9  POURQUOI TANT D’ATTRAIT POUR LA FOI EVANGELIQUE? 10 L’AMERIQUE FACE AU CHRISTIANISME : QUI SELON VOUS L’A EMPORTE ? 11 LA VERITE A DEUX NIVEAUX DES EVANGELIQUES 12 LES FEMMES SE LANCENT DANS LA GUERRE CULTURELLE 13 LA SPIRITUALITE AUTHENTIQUE ET LA VISION CHRETIENNE DU MONDE ANNEXES LECTURE RECOMMANDEE GUIDE D’ETUDE
Phillip E. Johnson