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L’histoire de Denzel ou la tragédie de l’anti-intellectualisme Nancy Pearcey
PRESENTATION
Le christianisme biblique est la Vérité au sujet de la réalité totale Pourquoi avoir si largement  accepté une rupture qui  verrouille le christianisme au  niveau de l’expérience  purement personnelle ?  Comment avons-nous perdu la  conception pleinement  substantielle du christianisme  comme la vérité descriptive de  toute la réalité, autrement dit  la vérité intégrale ? Seul un  retour en arrière sur le chemin  qui nous a amenés là où nous  en sommes permettra de nous  équiper en vue d’un meilleur  parcours pour l’avenir. Nancy Pearcey Extrait de Vérité totale Un mot d’introduction de Nancy Pearcey Extrait 1 : Défendre sa foi au milieu du désert spirituel Extrait 2 : L’histoire de Denzel ou la tragédie de l’anti- intellectualisme dans l’Eglise Extrait 3 : Les relents du libéralisme Extrait 4 : La cuisine comme salle de classe  
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Denzel avait continué à fréquenter l’église de façon  sporadique avec sa mère et son frère.  « L’église était pour  moi un lieu merveilleux et saint – les habits du dimanche, le  chœur, le rituel, les baptêmes. Mais je ne savais vraiment rien  de Dieu. »   Avec le temps, Denzel apprit à mieux connaître Dieu, mais  seulement après être passé par une véritable conversion. Il  n’avait pas d’objections intellectuelles à l’égard du  christianisme. Il respectait l’Eglise et en acceptait les  principes fondamentaux, à savoir que la Bible est la Parole de  Dieu, que Christ est ressuscité des morts et que nous avons  besoin du salut. Sa conversion eut lieu à la suite d’un simple message sur le péché et la  repentance qui toucha son cœur. L’histoire de Denzel illustre de diverses façons les  atouts et les faiblesses du message évangélique à l’ancienne mode, et introduit au  mieux à la compréhension de son histoire et de son héritage.  L’histoire du péché et du salut de Denzel peut commencer pendant sa dernière année  de lycée, quand il eut enfin trouvé la petite amie qu’il avait demandée à Dieu. A cette  époque-là, il buvait aussi beaucoup. (« Mes amis me considéraient comme un  alcoolique, » me dit-il.) Après le lycée, il tenta l’université mais abandonna à la fin du  premier semestre. Il trouva un travail, mais fut licencié au bout de six mois. Et pour  couronner le tout, son amie annonça qu’elle était enceinte.  La nouvelle fut un choc pour Denzel, au point de l’obliger, pour la première fois de sa  vie, à réfléchir à ses façons d’agir. « J’avais dix-sept ans, et je pensais que je ne pouvais  pas élever un enfant. Mais le plus grave était de savoir que je ferais du mal à ma mère,  et je ne voulais pas de ça. »  Sa mère avait eu de mauvaises relations avec les hommes qui finissaient toujours par  devenir alcooliques ou dépendants de la drogue. Denzel désirait vivement la protéger.  Elle-même avait une attitude farouchement protectrice envers ses deux fils. Elle avait  pendant des années fait des entorses à l’éthique pour qu’ils aient de quoi manger et un  toit sur la tête. Au bout de quelques années, les faits la rattrapaient et la famille se  retrouvait à la rue. Elle essaya finalement de créer sa propre entreprise, mais sans  grand succès. Au moment même où Denzel affrontait la plus grande crise personnelle  de sa vie, elle était accusée de malversations financières. Selon toute vraisemblance,  elle serait condamnée et finirait derrière les barreaux.  Avec la pensée de l’éloignement de sa mère et dès lors livré entièrement à lui-même,  Denzel fut pris de panique. Sous le poids des crises qui se succédaient, il recommença  à prier – avec, cette fois, une douloureuse sincérité. « Souvent, la nuit, je me cachais  dans la salle-de-bains et pleurais pendant des heures. Ne sachant comment prier, je  lisais les Psaumes comme des prières. »  A l’approche de sa condamnation en justice, sa mère décida qu’il fallait prendre des  mesures énergiques et déclara qu’ils iraient à l’église. Denzel donna rapidement son  accord. « Il devint très clair pour moi que c’était là, à l’église, que je rencontrerais Dieu  – le même Dieu que j’avais essayé de prier chaque soir. Mon cœur tremblait presque  d’excitation et de peur. » Quand ils se glissèrent sur un banc de l’église, il ne put  retenir ses larmes. « J’ai pleuré pendant tout le culte, et je ne me souviens d’aucune  des paroles prononcées. »  Sa mère fut condamnée à six mois de prison ferme, et comme son frère aîné travaillait,  Denzel restait seul à la maison avec son chagrin et son désespoir. Il cherchait Dieu et  lisait sa Bible pendant des heures chaque jour. « Un jour, j’ai lu le livre de  l’Apocalypse, et je fus très frappé par la beauté des nouveaux cieux et de la nouvelle  terre. Mais je fus tout aussi terriblement frappé par la certitude que je n’y allais pas.  Sans que personne ne m’ait rien dit, je savais que la fornication était une mauvaise  chose, que je buvais trop, que je ne vivais pas pour Dieu. Je me sentis si coupable que  je tombai à genoux et criai : « Dieu, pardonne-moi ! Dieu, pardonne-moi !»  Soudain Denzel se souvint d’une vieille caisse de livres laissée là par son père plusieurs  années auparavant, dans un placard sombre. Il tira la caisse à l’extérieur et fouilla à  l’intérieur. Il découvrit des livres chrétiens poussiéreux et quelques tracts. L’un d’eux  arrêta son regard : Il présentait un message simple et obsolète de culpabilité et de  pardon, accompagné d’une prière. « Je lus le tract, prononçai la prière et j’eus aussitôt  conscience du pardon divin. J’étais débordant de joie – je savais maintenant que je  pouvais aller au ciel. » Dès ce moment, Denzel s’engagea entièrement dans sa nouvelle  foi.  La conversion de Denzel est une histoire évangélique classique de péché et de  repentance. Il ne se débattait pas dans des questions de positivisme et de  postmodernisme ; il se savait simplement pécheur. Il n’eut pas besoin d’une  apologétique sophistiquée pour être persuadé de l’existence de Dieu ; il voulait  l’assurance du salut. Il ne savait pas démêler les subtilités théologiques qui divisent les  dénominations ; il avait hâte de savoir s’il pouvait aller au ciel. Une conversion  spirituelle et pleine d’émotion – une profonde expérience de l’expiation par Christ qui  s’appliquait personnellement à lui. La conversion de Denzel impliquait pareillement  une appropriation personnelle du pardon de Dieu pour ses propres péchés. (Le même  jour, il confiait à son amie, avec plus d’enthousiasme que de précision théologique : «  Dieu a vraiment fait quelque chose en moi. »  Sur le plan historique, le mouvement évangélique correspond à un renouveau interne  aux églises et n’est pas une dénomination séparée, ce qui explique qu’aucune tradition  intellectuelle ne se soit développée dans un premier temps du moins. La nécessité ne  s’en faisait pas sentir, car il pouvait s’appuyer sur les structures théologiques et  ecclésiastiques héritées des diverses dénominations. A l’instar des piétistes, les  évangéliques mirent l’accent sur l’appropriation personnelle d’enseignements comme  le péché et l’expiation. Ils voulaient surtout favoriser une expérience subjective des  vérités objectives de la Bible. Mais lorsque leur système de pensée gagna en influence  au sein de divers groupes – ou lors de la séparation radicale de certains groupes qui  prirent leur indépendance –, les évangéliques eurent à souffrir d’une certaine faiblesse  théologique. Les groupes eurent en effet tendance à minimiser le rôle de la théologie  au profit de ses applications tels, par exemple, le culte personnel, la conduite morale et  les réformes sociales.  Peu après sa conversion, Denzel commença à percevoir l’absence de l’élément cognitif  dans les églises qu’il fréquentait. Conscient de l’action de Dieu dans son âme, il désirait  vivement en apprendre davantage sur l’identité de ce Dieu. Quand je fis sa  connaissance deux ans plus tard, il avait développé une soif insatiable de  connaissances spirituelles et assistait à trois cultes dans trois églises différentes  chaque dimanche, pour découvrir à tout prix ce que les diverses dénominations  enseignaient.   Malheureusement, sa soif de connaissance théologique resta pour une grande part  insatisfaite. « A mon baptême, j’ai voulu m’informer sur la Trinité auprès de la  diaconesse. Elle me dit de croire simplement que Jésus est Dieu et de ne pas me  soucier des détails. » Il essaya de contacter des pasteurs, des moniteurs d’écoles du  dimanche et toute personne qu’il pouvait retenir par la manche dans l’église, mais bien  peu avaient des réponses à ses flots de questions. La pression s’intensifia encore après  qu’il eut trouvé du travail. Bon nombre de ses collègues étaient des musulmans ou des  Témoins de Jéhovah très à l’aise pour parler de leurs croyances. « Tous étaient  capables de défendre leurs convictions - hormis les chrétiens. Ils étaient les seuls à  sembler ne pas avoir de réponses. » Denzel comprit ainsi que, dans une société  pluraliste, les chrétiens doivent maîtriser l’apologétique afin de défendre leur foi sur la  place publique.  Il eut finalement l’idée de chercher un poste dans une librairie chrétienne pour avoir  accès à des ouvrages spirituels sérieux. Là, il se lia d’amitié avec mon fils Dieter qui  avait connu un réveil spirituel quelques mois plus tôt et avait pris un poste pour la  même raison ! Tous deux découvrirent des écrivains spécialisés dans la théologie et  l’apologétique qui les aidèrent à étancher leur grande soif intellectuelle – Francis  Schaeffer, C.S. Lewis, R.C. Sproul, James Montgomery Boice et J.J. Packer. Sur  Internet, Denzel dénicha des œuvres classiques d’Augustin, Thomas d’Aquin, Luther,  Calvin et Spurgeon.  L’histoire du péché et du salut illustre à la fois, dans le cas de Denzel, les points forts et  les déficiences du mouvement évangélique américain. Après sa lecture du tract  poussiéreux qui présentait le simple message de l’Evangile, il se sentit aussitôt libéré  du fardeau de sa culpabilité. L’assurance du salut déferla sur son âme comme un  courant vivifiant. Son église l’accueillit, le baptisa et lui offrit une place pour le culte  d’adoration. Mais quand il se mit en quête d’une nourriture plus substantielle au  niveau théologique et apologétique, sa quête fut longue et difficile. Il cherche  aujourd’hui encore une église qui s’adresse à la personnalité tout entière, esprit inclus.  Pourquoi avoir si largement accepté une rupture qui verrouille le christianisme au  niveau de l’expérience purement personnelle ? Comment avons-nous perdu la  conception pleinement substantielle du christianisme comme la vérité descriptive de  toute la réalité, autrement dit la vérité intégrale ? Seul un retour en arrière sur le  chemin qui nous a amenés là où nous en sommes permettra de nous équiper en vue  d’un meilleur parcours pour l’avenir. 
VERITE TOTALE
LE CHRISTIANISME LIBERE DE SA CAPTIVITE CULTURELLE
NANCY PEARCEY
Ecrivain